Non les inondations ne sont pas une fatalité !
Pour ceux qui habitent Crécy depuis plusieurs dizaines d’années (cela fait 40 ans pour moi), les alertes inondations n’ont jamais été aussi répétées ni rapprochées que depuis 2016. Il est certain que les changements climatiques que nous vivons rendent l’avenir assez stressant et pourtant les inondations ne devraient sans doute pas être forcément considérées comme une fatalité.

L’exemple de la vallée de la Bièvre le démontre : en 1982 elle a été submergée par 10 millions de mètres cube d’eau (pour une capacité de stockage et d’évacuation de 2,5 millions de m3). Le syndicat intercommunal d’assainissement de la vallée de la Bièvre (SIAVB) regroupant 13 communes a alors décidé d’une part d’augmenter les capacités de stockage et, d’autre part, de mettre en place un système de gestion informatisé permettant d’adapter les capacités de stockage et celles d’évacuation.
L’ensemble de ces mesures est en place depuis 1993 à la satisfaction générale.[1]
La situation de Crécy-la-Chapelle et des autres agglomérations exposées aux crues du Morin est sans doute plus complexe. Le comportement du Grand Morin implique de prendre en compte l’ensemble du bassin hydrographique (dont le Petit Morin) mais aussi le comportement d’autres cours d’eau en particulier la Marne et même la Seine.

Une impression d’incoordination voire d’incohérence dans la gestion de la crue !
- Néanmoins, lorsqu’on examine les compétences, les organismes et les responsabilités en matière de prévention des inondations, on est frappé par le fait que cette prévention s’intègre dans un dispositif beaucoup plus vaste et que les responsabilités sont difficiles à percevoir.
expérience de 2016 impression d’incoordination, voire d’incohérence
La loi MAPTAM[2] a créé une compétence particulière relative à la gestion des milieux aquatiques et à la prévention des inondations (GEMAPI). Cette compétence (obligatoire) qui entre en œuvre en 2020 est attribuée aux communes. Celles-ci peuvent en confier la responsabilité à un établissement public d’aménagement et de gestion de l’eau (EPAGE), lequel est créé sous la forme d’un syndicat mixte (SMAGE). En ce qui nous concerne, il s’agit du SMAGE des deux Morins qui remplace depuis le début de l’année l’ancien syndicat du Grand Morin[3].
[2] Loi du 27 janvier 2014 dite de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles.
Pour ceux qui souhaiteraient se documenter sur ces questions, le site de la direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Ile de France – driee.ile-de-France – est particulièrement bien fait.

3 actions à mettre en œuvre :
1. La première chose à faire sera d’organiser un contact étroit avec le SMAGE. Il semble, en effet, que des études ont été faites sous la responsabilité du syndicat du Grand Morin mais elles n’ont pas été rendues publiques et n’ont pas, à notre connaissance, été débattues. Il convient donc – d’urgence – de savoir ce que préconisent ces études (qui ont sûrement dû prendre en compte diverses expériences en France) afin de définir d’éventuels travaux.
2. En second lieu, il est également urgent de lutter contre l’imperméabilisation des sols et le ruissellement des eaux pluviales. On ne peut que se réjouir de lire sur le site du SMAGE : « Il est donc urgent de mettre en place une gestion des ruissellements sur notre territoire. La maîtrise et la réduction des volumes ruisselés doivent être envisagées à une échelle stratégique, celle des bassins versants. »
Ceci veut dire qu’un plan doit être élaboré à l’échelle communale pour lutter contre l’imperméabilisation des sols et le ruissellement des eaux pluviales et assurer le nettoyage des rus et des fossés. Le nouveau plan local d’urbanisme (PLU) le prendra bien entendu en compte.
3. Un troisième angle d’attaque sera d’examiner les moyens de créer (il serait sans doute plus juste pour notre région de parler de restaurer) des zones humides et éventuellement des zones de stockage. Mais ceci ne pourra être fait qu’après avoir pris connaissance des études que nous venons d’évoquer, voire après des études complémentaires.
Enfin, nous demanderons au SMAGE d’élaborer un protocole de gestion des crues, protocole qui implique la coordination des communes concernées et qui devra être rendu public.
Il est devenu aujourd’hui intolérable pour les Créçois de ne pas savoir comment sont gérées (et par qui) les menaces d’inondation.
Le système d’alerte récemment mis en place est un progrès indéniable (il a d’ailleurs très bien fonctionné le lundi 03 février) mais il est insuffisant.
- Il est devenu absolument nécessaire d’expliquer à nos concitoyens quels phénomènes entraîneront quelles décisions.
- En période de crue, une cellule de crise en mairie relaiera les informations et les conseils donnés et elle expliquera ce qui a été fait.
Yves COQUIN